01/05/2004

Quality Street #7 - mai 2004


Le détournement est plus qu’affaire de tradition dans le fanzinat : il est l’essence même du zine. Ce qui reste quand on a enlevé l’habillage – j’entends par habillage: l’objet du zine (le punk, le ska, le football, soi…), la teneur du discours, les qualités graphiques ou littéraires, ou leur absence totale. Dépouillez un zine de ce qui le différencie en apparence d’un autre et il vous restera le détournement. Comme un corbeau (non, pas les fans de Robert), découpez des caractères, des mots dans un journal et recomposer un texte, un titre, etc. Comme le séminal Sniffin’glue, vous voilà en train de détourner des lettres, des phrases, de leur donner un sens nouveau. Tradition à la Hara-kiri que le zine nantais Autodafez perpétuait il y a 10-15 ans et dans laquelle s’inscrit le très politiquement incorrect BurnValBurn.
Onzième opus consacré à la « Passion du Christ » selon BVB : free-party (Jay-sus premier teufeur), sexe hardcore (Marie-Madeleine dans tous ses états) et 8°6 au pays des travellers à sandales : « Alors voilà: tu sauves le monde, t’organises des teufs, tu multiplies les pains, j’en passe et des meilleures… et en échange t’as quoi ? DES CLOUS! »). Une évangile revue et corrigée qui prolonge en quelque sorte la mission œcuménique entamée dans BVB#10 par un croustillant et brillant compte-rendu de tournée des messes de Noël. Devenue chronique habituelle, la baston du mois entre skins, cette fois-ci à Ménilmontant (Paris history X). Et puis un peu de littérature avec l’auteur de polars noir Donald Goines. BVB est un zine sans adresse, dispo sur Rennes et Paris.


Bloom n°1-3, A4, xrx, gratuit.
« On a tous des souvenirs à New York, même sans jamais y être allé », une phrase choppée dans Bloom#1, un nouveau perzine, simple feuille A4 recto/verso, né en début d’année mais déjà paru 3 fois. Des dessins ultra-cheap, des textes courts mais plutôt pertinents, réflexions « en passant » sur ce que le rock peut représenter dans la vie d’une jeune Parisienne. Je ne résiste pas au plaisir (inédit, ici) de vous livrer les réponses d’Elodie à mon questionnaire sur les zines. Histoire de rappeler qu’on peut avoir 18 ans et avoir compris ce que DiY signifie (suffit-il d’être un vieux con blasé pour avoir pu penser le contraire ?).
Première fois ? Bloom est mon premier fanzine, commencé en janvier 2004. Avant, j’avais été rédactrice en chef pendant deux ans du journal de mon lycée – l’Indiscret. Et puis, en primaire, j’écrivais quelque chose comme La gazette d’Herblay (!). Un faux journal, imitation des « grands ».
Envie ? Ce n’est pas vraiment une idée neuve pour moi. J’imagine que ça date de la fameuse gazette d’Herblay. Sortir un journal, un zine : c’est voir éclore la pensée libre, enfin. Surtout, un fanzine c’est l’espace. J’adore l’esprit do it yourself, les punks. « England’s dreaming : les Sex Pistols et le punk » (Jon Savage) m’a réellement donné l’envie de faire un fanzine. Une claque. Je me suis dit : « Waouh ! Je vais faire mon fanzine ». Evidemment, pas pour le revival. Pas un truc nostalgique. J’aime écrire, voilà. J’aime aussi le rock. Un fanzine : écrire le rock. Essayer de rendre des rythmes. Alors c’est devenu une évidence.
Objectif ? Objectif : pas d’objectifs. Non pas que ce soit un projet à la dérive, inorganisé. Mais j’écris plus par envie, par coup de cœur, que par programme, par sommaire ou par objectif. Bien sûr, certains thèmes sont récurrents : le rock, l’écriture. Ce n’est pas nécessairement un projet original, il s’agit surtout de s’exprimer. De partager. J’essaie d’interviewer quelques artistes peu connus que j’apprécie, et là Internet me sert énormément.
Gratuit ? Résolument gratuit ! Parce que les mots le sont, après tout. Parce qu’un fanzine payant, ça me choque un peu. Les feuilles punks qui sortaient en 77 ne l’étaient pas. Ç’aurait été aberrant. But non lucratif, la passion est première. De toute façon, comment donner un prix à ce qu’on fait ? Le fanzine, c’est une catégorie de la presse, mais c’est aussi totalement différent. J’écris ce que je veux, je ne me sens pas obligée de plaire. Après, je comprends totalement qu’on envoie un timbre ou deux contre un fanzine. C’est même normal. On paie l’expédition, rien de plus. Mais faire payer le fanzine, c’est s’enchaîner à une formule – c’est transformer le fanzine en objet de consommation, alors qu’il représente précisément le contraire. Un prix, ça implique aussi une relation verticale vendeur-acheteur. Ça peut miner l’échange.
Webzines = mort des fanzines ? Je ne crois pas. Le net reste un espace impersonnel, un réseau où tout va vite – rien ne reste réellement. Le net et le papier : des supports différents. On ne fait pas la même chose ; le net c’est réellement sans limites, un média formidable, le monde. Le fanzine, souvent, ça reste local, confidentiel. C’est une autre approche de l’information, et des lecteurs. On connaît généralement la plupart de ses lecteurs avec un fanzine. L’échange est plus facile. Le net demeure élitiste. Limiter le fanzine au webzine (ou plutôt remplacer l’un par l’autre), c’est perdre une certaine catégorie de lecteurs. C’est privilégier les contacts abstraits, de loin. Les webzines sont très différents des fanzines, peut-être plus/mieux organisés. Le fanzine compte un nombre de rédacteurs très limité (souvent un seul d’ailleurs), sans hiérarchie ; le webzine me semble plus construit. La mort du fanzine papier ? Pas pour demain ! Internet ne remplace pas tout. Le fanzine papier, c’est la rue, les contacts directs, la ville – tout un arrière-plan urbain. Bouquins papiers contre bouquins électroniques, c’est la même question. Finalement, on devrait peut-être penser complémentarité des deux.
La spécificité du fanzine ? Le support ! Le papier, la feuille. C’est émouvant. L’objet. Je ne suis pas fétichiste, mais j’ai toujours préféré le papier aux pages net, les lettres aux mails. Le fanzine : ancré dans la réalité. Tu le sens exister. Un fanzine : un univers, forcément inédit. Un monde minuscule. Une tentative d’art, même humble, même timide.

Prière d'un soir n°8, A5, xrx, gratuit
Quatre ans d’absence et un retour peu remarqué pour cette newsletter metal vendéenne plutôt iconoclaste puisqu’il n’y a ni news, ni chroniques mais cinq itws. Les questions posées aux groupes (Unleashed, Trepalium, Disgust, Ipsum et Zuul FX) sont toujours les mêmes, ce qui rend la lecture un peu pénible, mais certaines sortent quand même du lot: « Disgust, quelle position avez-vous du christianisme (sic) ? » « Je hais les religions (toutes), toutes formes d’esclavage passif ki détruit l’aptitude à penser par soi-même… Je m’intéresse au ‘‘Left-hand path’‘… » qui, rappelons-le, est aussi une forme de religion, mais assimilée au satanisme (les Sétiens notamment)…

Bandoppler n°3, $4.5, offset couleur.
Très proche musicalement de Copper Press, Bandoppler est un zine plus "esthétisant", avec ce côté prétentieux-à-deux-balles que l'on connaît tant de ce côté-ci de l'Atlantique, rue de Rivoli. Non pas que le zine soit mauvais, loin de là, mais à force de toujours chercher l'originalité dans le traitement des sujets (l'itw de Nick Cave est du style vieux pôtes de chambrée sur le retour - ce que Sieur Cave goûte moyennement), on succombe facilement à la vanité (un conseil : réécouter l'intro du premier LP de Diabologum, et s'en convaincre). Les dessins est les strips sont par contre excellents.

A l’arrach n°1, 2004, 26 pages A4, xrx, prix libre (Price Liberation Front ?)
Ceci est un zine punk anti-spéciste, libertaire et vegan. Il s’est donné la tâche de présenter, sans aucune volonté de prosélytisme selon l’édito, le spécisme et tous ses avatars (pas mal de définitions permettent de faire une bonne mise à niveau (ainsi, on retiendra avec intérêt que les crudivégétaliens ne sont pas des gens amateurs de mots croisés et que les fructariens ne sont pas des fainéants)). Pour se convaincre de la maltraitance des animaux de ferme, une certaine Brigitte A. nous propose de « suivre la vie d’un des ‘‘pensionnaires’‘ de l’élevage : enlèvement, séquestration, engraissement, transport et abattage », ouh là, c’est du sérieux, elle pourrait peut-être proposer son concept à TF1 : La Ferme des Célébrités, avec engraissage et abattage au menu. Puisqu’on est dans le créneau star de la télé, ALF est aussi l’Animal Liberation Front. Apparemment il suffit de libérer un animal pour en faire partie (mais détacher la laisse du chien de votre voisin ne suffit pas). Précision du zine: ce nest pas parce que les Alfistes sont cagoulés qu’ils font partie de l’IRA (l'amalgame est si vite faite n). Paradoxe incroyable, ils n’hésitent pas à interviewer Kangourou zine (alors si c’est pas de l’exploitation gratuite des animaux, ça...). Et puis, comme toujours, des recettes, des liens (dont un pour pouvoir s’acheter des chaussures 100% synthétiques – mais rien sur le déodorant qui devrait aller avec), et des conseils : j’ai particulièrement apprécié « Rendre son chien et son chat végétariens ». L'été approchant, s'ils avaient une recette pour rendre les moustiques végétariens, j'apprécierai grave.

Pascal avait promis d’arrêter Kangourou après le n°18. Mais le fanzine c’est comme la cigarette (« le fanzinat peut nuire gravement à votre entourage » devrait être obligatoirement inscrit en bas de chaque couv) et voilà donc le n°20, rebaptisé Kangouroï pour l’occasion, peut-être pour rappeler qu’après la forte dose de metal du numéro précédent, il fallait revenir à l’essence même du projet kangourien : le punk et la oi!. On retrouve évidemment le franc-parler et le langage crû habituel du zine (pourquoi faire dans la douceur quand on peut faire efficace !). Punk qui tâche avec Garage Lopez, Maïté les Moules, Les Grilles Degoûts, Ze From Age Ki Pu (ceux-là s’ils avaient pas envie de répondre aux questions, ils pouvaient le dire d’emblée)…ouais ben déjà on remarquera qu’au niveau des noms de groupes l’inspiration semble faire défaut à la scène actuelle, ça a quand même moins de gueule que Komintern Sect, Reich Orgasm, Parabellum et consorts. Les Allemands The Shocks et les quasi-allemands Swattack relèvent le niveau (mention spéciale à ces derniers pour leur itw très « vivante »).

La conception de ce fanzine a nécessité l'asservissement d'une souris de type Microsoft Wheel Mouse Serial 83351-576. Celle-ci a dû être abattue après usage, mais par solidarité idéologique avec nos lecteurs vegans, elle n'a pas été mangée.

10/04/2004

Quality Street #6 - avril 2004

En attendant que je retrouve, peut-être, le fichier avec les textes du n°6, je vous laisse le soin de lire les aperçus images de ce numéro.

18/01/2004

Zine it yourself : les fanzines punks


En 1976, Sniffin'glue à Londres et Punk à New York ouvrent une brèche dans la presse musicale, jusque là réservée à des organismes à but commercial: ils inventent le média de rue, le magazine fait par monsieur-tout-le-monde (ou presque), le fanzine DIY. Contrairement aux médias commerciaux qui ont pour volonté de populariser un style musical (la popularité alimentant le marché du disque), le fanzine est seulement là pour le soutenir, et ce dans un cercle souvent restreint. Il entretient le mythe de la marge, de la différence, de la rupture alors que la presse mainstream, par essence, le détruit inexorablement.


Années 80: les débuts
Le fanzinat punk n'a jamais cessé de se développer et de se diffuser progressivement à tous les autres nouveaux courants musicaux. New Wave qui naît au début des années 80 est le premier fanzine français d'importance. Après quelques années d'interruption dans la seconde moitié des 90's, il renait début 2002 et sort désormais au rythme de 4 n° par an.Les derniers en date font d'ailleurs une large place à l'histoire de l'activisme punk (interview de Mark Perry, rubrique "Et un jour les punks et les punkettes"). Les années 80 sont ponctuées de fanzines punks ayant laissé des traces indélébiles dans le dynamisme du milieu alternatif: Le Légume Du Jour, On A Faim, No Way Out, Caladeshnikov, PQ.


Nouvelle génération
D'après le dernier recensement de la Fanzinothèque de Poitiers, il y avait 80 fanzines punks enregistrés en 2002 en France, ce qui en fait la plus large catégorie dans le paysage fanzinesque français. Le fanzinat punk est aujourd'hui éclaté entre des titres restés fidèles à la forme des modèles originels (écrit à la main, mis en page au coupe-coupe: Démostaz, Blue Soundz), d'autres misant sur la quantité d'informations recueillies à la faveur d'un travail de carabin (Kangourou Zine), sur l'engagement politique (pas forcément anarchiste: Rotten Eggs Smell Terrible!, Guérilla Urbaine, Barricata) et enfin, plus surprenant, ceux qui ont une démarche proche de la presse professionnelle (Worst).


Récupération
Cette apparente contradiction traduit moins l'évolution du mouvement punk (25 ans d'âge) que sa récupération par une nouvelle génération qui n'en retient que quelques aspects, n'en a qu'une image biaisée du fait d'un inévitable processus de dilution dans le temps des ingrédients originels de cette culture. Mais, peut-être plus qu'ailleurs, le fanzinat punk est fidèle au format A5, bien pratique pour être glissé dans la poche: Dynamite, Devline's Coming, Vendetta, Arrière-Plan en sont quelques exemples.


Le webzinat
Si le fanzinat se porte relativement bien, le webzinat n'est pas en reste non plus: par le biais des hyperliens, l'internationale punk est aussi à l'œuvre dans le cyberespace (parapet, punkinette, metalorgie, ToMyPunk,...). On est évidemment loin de la colle et des ciseaux. 
Enfin, pour les anglophiles, signalons l'excellent Punk Planet, fanzine américain alliant musique et débats de société, proposant régulièrement des réflexions particulièrement intéressantes sur l'évolution de la société américaine de puis l'arrivée de W au pouvoir et les attentats du 11-9.
Comme disaient (à peu près) les Ramones: "ouvrez un tube de colle et faites des zines!"


Publié dans Kick Ass Magazine, n°3, janvier 2004

01/01/2004

Quality Street #5 - janvier 2004


L’image du paysage fanzinesque hexagonal peut-elle être saisie fidèlement à travers les recensements de l’Officiel ou de la Fanzinothèque ? Si l’on croise ces deux sources de données, les zines punks tiennent le haut du pavé, même si, il faut bien l’avouer, le punk est désormais une catégorie-poubelle où l’on y met un peu tout et n’importe quoi. Grands absents des recensements, les zines HxC sont pourtant loin d’être inexistants. Par culture d’un underground quasi intégriste, par rejet de cette inavouable adulation du rock business qui transparaît – car c’est le nerf de la « guerre » – dans tous les autres styles musicaux (punk compris), le zine HC se montre moins enclin à se faire ficher, se faire adouber par une quelconque institution, même philanthropique (la fanzino, par exemple). L’activité fanzinesque du HC est pourtant toujours importante : Burn Out #9, Black Lung #11, WeeWee #8, DimWit #2. Ce dernier ouvre avec une itw de Costa’s Cake House, des mecs qui se sentent concernés par l’environnement, c’est bien, c’est bien, il en faut aussi. Le chanteur d’Unholy Grave nous apprend que son batteur a un ordinateur et qu’Internet, c’est super, merci le Japon ! Heureusement le niveau se relève carrément avec Submerge et Abstraction qui témoignent de l’engagement dans la scène HxC : groupe, zine, label, distro. Quelques conseils de lectures inutiles et 20 kroniks zines pour finir. Fecal Forces Zeen #7 lui vient de Croatie et s’est fait raccourcir : il revient au format A5 que l’on aime tant. Ce n°7 est estampillé « Evil issue », succédant aux « Flesh » (#6 : SM bondage rock, sexe alternatif) et « Chaos » issues. Un label qui donne le ton puisque le zine s’ouvre par une lettre, assez sidérante ma foi, de deux révérends wogss californiens (église anarcho-gnostique thélémique éditant le zine Daemonolatria 696) revenant sur la publication récurrente dans FFZ d’écrits de Crowley ou des Neuf Commandements sataniques de Lavey. Turbulence fait le point sur l’occulture (la culture occulte populaire, c’est-à-dire sans gourous ou « sorciers autorisés »), sur l’état d’avancement des travaux de l’Association des Astronautes Autonomes (dont le projet, rappelons-le, est de construire une navette spatiale afin d’organiser des raves dans l’espace (les free-parteux ont intérêt à mettre de l’argent de côté dès maintenant) et de pratiquer le sexe en gravité zéro (Mickaël Youn en fait-il partie ?). Vous aurez même le droit à la réponse à la question « Do you think all Satanism sucks ? ». Ce zine est vraiment hallucinant et la recension des zines punk-HC croates est indispensable !

Vicomte de Neurasthénie, n°3, 2002, 1 €

N’éteignez pas vos bougies ! Le Vicomte de Neurasthénie, zine black metal, est de retour. Un billet d’une page « Chrétiens et métalleux » où un curé d’Orange, né en 68 et vicaire depuis 94, nous apprend que « non, les metalleux ne sont pas des idiots », « certains jouent même très bien de la guitare », « seuls quelques-uns sont des tueurs de prêtres (sic) », etc. Et en plus, une suite est prévue. Plus loin, en toute logique, 2 pages sur « Qu’est-ce que le satanisme ? » et puis, rassurez-vous, les habituelles pages consacrées à Atari. Ben quoi, On a le droit de tuer des prêtres, profaner des tombes et aimer Pacman, non ? 17 kroniks zines (BM en grande partie), compil CDR en option.


Les Litanies Infernales n°1
Un zine imprimé à 81 exemplaires et dédié à l’art extrême ; en réalité, la scène pagan black metal française (où l’on constate que les projets solos sont désormais légions). Ce zine est mort mais des copies tournent encore sur les distros.
Newsgrave n°5, 2002, $5
Pour en finir avec le sombre, Newsgrave, un zine gothic d’Hollywood qui reprend le flambeau abandonné par Propaganda (New York) puisque ce dernier est désormais majoritairement axé fétichisme (le sous-titre « Gothic chronicle » y est devenu « For women and men »). Fear Cult est en itw et en poster. Baby Fiend (la fille de Bela Lugosi) nous explique qu’en vertu des lois de l’Etat de Californie, Universal pourra fabriquer des GI-Joe à tête de vampire (celle de son père) sans lui reverser le moindre droit. Le vampire vampirisé en quelque sorte. Itw de Velvet Eden, représentants de la mouvance gothic queer (ou J-rock visualkei si vous préférez), qui a forcément splitté depuis (c’est la règle dans le J-rock). Une rubrique originale enfin : comment réussir vos photos lors de concerts gothiques (où l’art de ne pas utiliser le flash).

French Violation n°8, 2003, 4,5€

FV suit l’actualité des Depeche Mode : ce numéro est consacré à la sortie de Counterfeit² de Martin Gore. Comme tout bon FANzine qui se respecte, FV est complet (revue de presse française 2003), précis et pointilleux (chaque morceau joué live est analysé), et en plus superbement imprimé. La typologie des spectateurs du concert de la Cigale est un témoignage ethnologique remarquable, il vaut à lui seul le détour. Quelques infos sur la gravage et les protections anti-piratages (les fans, quand même !).

Alternative Magazine n°2, février 2003

C’est marrant mais je n’avais jusqu’ici jamais imaginé qu’en Turquie puisse exister une scène alternative vraiment active. L’influence de clichés désuets (un pays qui serait dirigé par des tortionnaires) entretenus par le mensonge permanent de nos chers médias (dès fois qu’ils s’aviseraient de demander leur entrée dans l’UE..). Syndrome post-Midnight Express, peut-être aussi. Alternative Magazine #2 sorti début 2003 prouve le contraire (le 3 a paru sous forme de newsletter en fin d’année) : la tendance lourde est grind, mais avec quelques penchants death et gothics marqués (The Gathering en itw) ; des contributions de zineurs roumains (la scène black metal) et brésiliens permettent de remplir plus de 40 pages A4. Malheureusement, on n’y apprend pas grand chose sur la scène locale : itw de Courtyard et kroniks de 5 zines turcs. Par contre, les rédacteurs sont bien affûtés sur la scène tchèque (la géographie, quand même !). Et apparemment férus de météo : toutes les itws commencent par une question sur le temps qu’il fait chez vous…

GBH+support versus Charged GBH

Je vous parlais brièvement de la tournée GBH+support dans QS4. Peu de temps après, je reçus un mail tout autant laconique qu’agressif de Colin Abrahall : « DON'T USE OUR FUCKING LOGO THEN ! IT WILL CONFUSE PEOPLE AND THEY'LL THINK WE'RE PLAYING ». Rebecca du site Punk&Oi in the UK ayant cafté la veille ; j’imagine très bien la scène : « Hey, copain Colin, il y a des Frenchies qui ont piqué le logo de ton groupe, c’est mal, non ? hein copain, Colin, tu te souviens de moi, c’est Rebec ! ». Les Charged GBH se mettent à faire dans le copyright, maintenant ? Le détournement devient interdit ? Et pourquoi pas “Law is the law” tant qu’on y est? Ce à quoi j’ai répondu, un peu moins laconique : « Hi Man ! I would be pleased if you don't use the name of Colin Abrahall. It's unfair to spoil the memory of this old fucking bastard, now sucking Sid Vicious in hell, as Wattie Buchan told me last summer. GBH died few decades ago and I don't believe in the existence of cyberghosts. So, let me tell you that we're not a playing band but a fucking talking band made of hardly rotten academics. We will talk about this lovely and stinking hoax called punk music: from fanzines to major companies surrenders. From torn wears to fashion movement. "GBH+support" conferences are totally free and we're doing that only for fun: "Do what you do (but know why you're doing it). Do what you do for fun", can't remember who tell me that? So it can rain punks and dogs on us, we're ready for that and waiting for them with pieces of broken bottle (as it has always been, isn't it ?) Well, GBH is Guibert, Bonniol and Hein, do you think their parents must change their names ? Fell free to come and play for nothing else than fun and fuck... Take care, and stop thinking you're Colin, that's a bad joke ! ». Depuis je n’ai plus eu de nouvelles : les vieux punks auraient-ils perdu de leur verve d’antan ? Ou bien est-il déjà en train de contacter son avocat ?

Underground investigation n°43, 4€

Un très bon zine metal qui a fêté ses dix ans d’activisme. Une infographie claire comme du Stradivarius. Les zines sont classés selon leur contenus en « femmes à poils » (ce « s » terminal m’interpelle : est-il volontaire ? S’agit-il un recensement de la nudité féminine, ou d’un classement quantitatif de leur pilosité dans la pure tradition metal old school ? Qu’importe, car l’on se rend compte que le metal n’est plus ce qu’il était, puisque c’est un zéro pointé pour tous. 27 itw dans ce n°, dans un spectre très large, même si le heavy domine (Falkirk, Breakpoint, MZ, Killers, Overstep, etc.).

Artefact n°28, janvier 2004, gratuit

Un freezine metal qui commence à être incontournable. Une seule itw (Inhume), 63 kroniks et un compte-rendu de concert comparatif Iron Maiden/Metallica plutôt bien foutu : l’analyse (empirique) du publis présent montre que M a perdu une partie de ses fidèles au profit de la nouvelle génération élevée au néo-US, alors que IM draine principalement des vieux hardos (les true metalleux s’y faisaient rares, parait-il).

Metal Integral n°23, septembre 2002, 2€

« MI le fanzine qui donne envie de headbanger » fête ses 4 ans et son 23e numéro. Chapeau bas ! La troisième partie de « La légende Metallica (année 1983) », un éclaircissement sur les définitions du Porg (clair à guttural), suivi de 8 kroniks zines.

Walked In Line n°22, décembre 2003, 4,5€

WIL vient d’ouvrir une boutique à Beauvais, le Rockstore. Cela pouvait expliquer le retard et le faible nombre de pages (24) de ce numéro. La réalité est tout autre : cette satané confiance aveugle que l’on fait à l’informatique n’en finit pas de jouer des mauvais tours. WIL23 v1.0 a disparu dans un crissement de silicium, l’enquête sur les webzines perdue corps et âmes, pas mal d’itw aussi… on saluera alors le courage de Chris et Laetitia qui ont tout repris à zéro pour nous livrer ce n° en moins de 3 semaines. On y apprend que Gogol Ier est devenu un cyber-warrior, que par sa mobilisation il a aidé à libérer José Bové (ah, c’est lui !). Gogol ouvre évidemment le CD 27 titres.

Punk Planet n°55, mai 2003, $5

Pour finir, jetez-vous sur PP55 qui consacre un dossier aux zines (« la revanche de l’imprimé ») et montre qu’aujourd’hui l’édition n’a jamais été aussi accessible aux décapitalisés (les pauvres, quoi). L’édition DIY gagne du terrain, c’est tout de mêm l’un des avantages de l’informatique. Un court article sur l’histoire des zinothèques (il y en aurait 32 dans le monde). 35 kroniks zines.

Quality Street ne contient pas de sang de chauve-souris.